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Par Sylvestre Ntibantunganya, ancien Président

L’ancien Président, compagnon de Melchior Ndadaye,  salue le courage du Général Rugigana. Pour lui, Joseph Rugigana donne un éclairage important qui peut aider ceux qui cherchent la vérité sur cet assassinat.

« Au vu du déroulement de ce coup d’Etat, beaucoup de questions demeurent. Qu’est ce qui a empêché les pilotes du véhicule blindé de conduire le Président de la République dans un des quartiers populaires de Bujumbura (Buyenzi, Bwiza, Kamenge ou Kinama) ou à la frontière ? C’est une question à laquelle le général Rugigana peut répondre ».

Cette question est posée dans le livre « BURUNDI, Démocratie piégée » (page 225) que j’ai publié en 2018, soit vingt-cinq ans (25) après le terrible événement du 21 octobre 1993. 

Aujourd’hui, 31 ans après la mort du Président Melchior Ndadaye et six (6) ans après ma question, puis-je dire que le livre du général Rugigana y répond de manière suffisante et complète ?

 Au vu de la complexité de l’environnement politico-ethnique qui régnait, non seulement au Burundi, mais aussi dans la région, je considère que « Ma vérité sur l’assassinat de Ndadaye » — le livre du général Rugigana — donne un éclairage important qui peut aider ceux qui cherchent la vérité sur cet assassinat de disposer de pistes crédibles. Il confirme les soupçons qui, jusqu’aujourd’hui, prévalent sur les niveaux du paysage politique burundais impliqués dans la conception, la planification et la conduite du premier coup d’Etat qui a coûté la vie à un chef d’Etat en poste au Burundi.

Plusieurs zones d’ombre subsistent encore. Elles s’intercalent toujours comme des obstacles à une vérité pourtant très indispensable pour cimenter la réconciliation nationale. Elles seront levées si d’autres acteurs ou observateurs immédiats de cette époque suivent la voie aujourd’hui empruntée par le général Rugigana, en se décidant à leur tour à révéler leur vérité. 

Il y a encore un long chemin

Je salue le courage du général Rugigana qui savait certainement qu’en publiant son témoignage, il serait confronté à des réactions multiples. Les unes, comme celle que j’exprime, saluent son initiative.

D’autres font part de leur insatisfaction. D’autres s’interrogent sur les véritables raisons qui ont poussé le général Rugigana à parler alors que d’autres regrettent qu’il l’ait fait tardivement. On entend même des opinions qui le vouent purement et simplement aux gémonies. On est ici face à des signes qu’il y a encore du chemin à parcourir pour que la vérité, toute la vérité, sorte des décombres multiformes dont le Burundi et les Barundi ont été victimes à travers et suite au coup d’Etat du 21 octobre 1993.

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