Le 21 octobre 1993, un coup d’État a décapité ses nouvelles institutions. Dans certaines
circonstances, un putsch peut être perçu comme légitime, par exemple lorsqu’il vise à
libérer un peuple d’un régime dictatorial.

Néanmoins, il est crucial de bénéficier du soutien
de l’opinion nationale et, par voie de conséquence, de la communauté internationale,
malgré quelques dénonciations de principe…

En octobre 1993, le Burundi était doté d’un gouvernement jeune de trois mois, issu
d’élections saluées par tous les observateurs. Les auteurs du coup d’État ont plongé le pays
dans une crise indescriptible, dont les répercussions se font encore sentir aujourd’hui. Un
proverbe burundais dit : « Celui qui veut guérir d’une maladie doit la nommer. » Cela est
profondément vrai.

Malheureusement, au Burundi, par peur, par solidarité négative ou pour
éviter de sortir de notre zone de confort, nous avons tendance à nous taire, à encaisser, à
ressasser.

Une maison fermée trop longtemps finit par sentir mauvais, selon l’adage. Il est
temps de briser le silence, ce mal qui ronge également notre nation.

La quête de la vérité ne
relève pas uniquement de la CVR (Commission Vérité et Réconciliation). Historiens,
politologues, journalistes, il est de notre devoir d’explorer notre passé.
Lorsque Joseph Rugigana m’a contacté pour proposer la publication de son témoignage sur
les événements du 21 octobre 1993, j’ai tout de suite été intéressé. Cet officier est un
témoin clé de cette nuit tragique.

C’est lui qui a exfiltré le Président du palais assiégé vers le
camp Muha, avec les conséquences que l’on connaît. Son récit est une pièce essentielle d’un
puzzle que nous devons nécessairement construire. Comme l’a dit un penseur, le temps est
l’allié de la vérité. Des témoins commencent à rompre le silence. Aux Éditions Iwacu, deux
autres livres importants sont en préparation. C’est un signe encourageant.

Le travail que nous entreprenons pour éclairer le passé du Burundi, au jour le jour, est ardu.
Nous avons besoin de votre soutien. Vous pouvez rejoindre le « Club des amis d’Iwacu » et
nous soutenir. Sans vous, rien de ce que nous réalisons n’est possible.

Antoine Kaburahe
Journaliste & Éditeur
www.iwacu.online